Pour parler d’architecture, il ne faut pas parler d’architecture

Il est des obsessions récurrentes, des sujets sur lesquels nous revenons aveuglément, année après année, avec des approches renouvelées, sans nécessairement conscientiser ce qui les lie.

Si je devais trouver un fil conducteur entre mon intérêt pour l’art et la science, la plume et l’architecte, ou la place de l’architecture dans la fiction, ce serait vraisemblablement celui de la polychromie des approches possibles concernant l’architecture. Une approche de philosophie analytique ne saurait remplacer celle d’une approche sociologique, ou encore moins celle d’un habitant, qui détiendront tous un fragment de vérité.

J’ai cru remarquer que l’un des meilleurs moyens de transmettre l’architecture est quand l’interlocuteur ne sait pas que l’on parle d’architecture. La description d’un restaurant est par exemple d’autant plus impactante qu’elle accompagne celle des plats, dans une sorte de quête d’harmonie murs/vins.

Ce n’est probablement pas si étonnant, l’architecture est le théâtre de nos vies, rarement le protagoniste principal. Elle révèle sa vraie nature quand la vie se l’approprie, et c’est en écho avec cette dernière que la description est d’autant plus marquante. Car elle se revêt alors d’organicité, et explicite son usage profond au-delà de la froideur d’une représentation purement technique.

La sensation de caresser un mur de briques au soleil, la poussière rose qui se dépose sur les doigts et s’en vient chatouiller les poils de nez, rend bien plus perceptible et intelligible le rôle et l’exposition d’un volume bâti que sa seule description. De la même manière, la masse n’est jamais aussi belle que lorsqu’une ombre végétale vient la faire vibrer.

La description de l’architecture ne se suffit pas en elle-même. Le sentiment et l’émotion ne sont en aucun cas des dimensions superfétatoires, d’autant plus en ce qui concerne sa transmission. L’architecture peut s’insérer partout, car elle est par nature omniprésente.